La fin d’une amitié captivante

Évolution personnelle et professionnelle

La fin d’une amitié captivante

La bibliothèque à l'intérieur de la Tour de Montaigne

« Où que je sois, je suis à moi ; je ne me
livre pas aux choses, je me prête à elles. »

Sénèque

L’amitié qui liait Michel de Montaigne à Étienne de La Boétie était si étroite
qu’à la fin ils ne faisaient plus qu’un. À trente-trois ans, La Boétie meurt laissant
Montaigne à sa douleur d’avoir été amputé d’une moitié de lui-même : « Nous
étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part […] j’étais déjà
si fait et accoutumé à être deuxième partout, qu’il me semble n’être plus qu’à
demi.
Étrange phrase qui suscite bien des questions : quelle part Montaigne récupère-t-il à la mort de son ami ? Quand on est à moitié de tout, devrait-il y avoir
une préséance ? Le premier aurait-il tant pris le pas sur le second, qu’à la mort
de celui-là, celui-ci peine à exister par lui-même ? En s’exprimant en ces termes,
se rendait-il compte de l’aveu qu’il faisait qu’une moitié de lui-même était aux
mains d’un autre ?

Grâce au ciel…

Lire la suite dans Les Cahiers jungiens de psychanalyse, N°155 Des Fins, juin 2022

https://www.cahiers-jungiens.com

La tour de Montaigne
La tour de Montaigne

Résumé : La mort de La Boétie, vécue comme un arrachement par Montaigne au
point qu’il ne se sentait plus vivre qu’à demi, lui a cependant été salutaire. La disparition de son ami lui donne toute latitude pour se mettre à son œuvre et faire retour
sur lui-même. Tandis que le travail d’écriture le recentre, Montaigne se dégage du
mélange d’âmes qui l’unissait à La Boétie et récupère la part de lui qu’il lui semblait
avoir perdue depuis que son ami n’était plus. Rien moins que sa moitié. Désormais,
tout en haut de sa tour, Montaigne vit en bonne compagnie, on l’entend parler à
quelqu’un. Il s’entretient avec son âme.


Mots-clés : Âme – Amitié – Arrière-boutique – Chez soi – Emprise –
Epimeleïa (soins attentifs) – Montaigne & La Boétie – Oïkeiôsis (appropriation) – S’adonner – Solitude